Rapport annuel du Centre d'Analyse Stratégique (CAS)

Publié le par Jean LAMBRET

Le CAS est une institution chargée, auprès du Premier ministre, d'une mission de veille, d'expertise et d'aide à la décision, depuis mars 2006. Les experts publient des textes selon des fréquences et des thématiques d'actualités, pour que les gouvernements fondent leurs politiques selon des bases scientifiques.

"La création du Centre d’analyse stratégique marque une évolution importante dans le pilotage des politiques publiques. Les travaux du Centre doivent permettre :
• d’éclairer l’action des décideurs et des responsables publics ;
• de tracer des perspectives de long terme ;
• de nourrir l’expertise publique sur les politiques gouvernementales.

L’ensemble de ces perspectives placent le Centre dans une position d’interface : entre les milieux experts et les milieux décisionnels, entre la connaissance et l’action, entre la pression quotidienne et la projection future. Le Centre doit manifester une capacité de dialogue avec des partenaires d’horizons variés. Sa réussite repose sur la qualité de ses travaux, son articulation à l’agenda national et communautaire et son aptitude à créer et faire vivre un réseau d’expertise dépassant la seule sphère institutionnelle. (extrait du projet de service
http://www.strategie.gouv.fr/) "

Dans le rapport annuel 2006 note un recul de la pauvreté en France depuis 1970, en moyenne, et pour toutes les catégories de la population.
"En France, cette baisse du taux de pauvreté monétaire masque néanmoins des transformations majeures. Alors qu’elle diminuait en moyenne, la pauvreté s’est en effet significativement rajeunie, urbanisée et concentrée."

Il s'agit de pauvreté monétaire, définie comme la part des individus dont le revenu est inférieur à 50 % du revenu médian, par unité de consommation. Au niveau européen, le seuil conventionnel est de 60 % : 6,2 % des Français sont pauvres, selon la France, mais 12 % selon l'Europe...

Quatre approches sont utilisées pour mesurer la pauvreté :

"La première cerne la pauvreté monétaire « relative ». Sont pauvres les personnes et les ménages dont les revenus sont inférieurs à un seuil monétaire relatif, fixé en fonction de la distribution des revenus. En France on utilisait le plus souvent un seuil de pauvreté situé à 50 % de la médiane des revenus, mais on utilise de plus en plus le seuil de 60 % de la médiane, conformément à ce qui se pratique au niveau européen.

Rappelons que la médiane des revenus est la valeur des revenus qui sépare la population en deux : une moitié qui perçoit un revenu inférieur à cette valeur, et une moitié qui perçoit plus que cette valeur. Ainsi, on considère comme pauvres les personnes qui sont dans un ménage dont le revenu par unité de consommation est inférieur à 50 % ou 60 % de la médiane. Dans un ménage, la première personne compte pour une unité de consommation, les personnes suivantes pour 0,5 unité de consommation quand elles ont plus de 14 ans et 0,3 unité de consommation quand elles ont moins de 14 ans. Cela donne en 2004, au seuil de 60 % de la médiane, un seuil de pauvreté fixé à 788 euros par mois pour une personne seule et 1 182 euros 
par mois pour un couple sans enfant.

Une deuxième approche, employée notamment aux États-Unis, considère la pauvreté « absolue » . À partir de l’estimation des ressources nécessaires à l’acquisition d’un panier minimal de biens (pour se nourrir, se vêtir, se loger), un seuil de pauvreté absolu (qui ne varie donc pas en fonction de la distribution des revenus) est établi.

Une troisième approche de la pauvreté, appelée pauvreté « ressentie », consiste à demander aux individus si, en fonction de critères d’appréciation de
leur aisance financière, ils se considèrent eux-mêmes comme pauvres.

Une quatrième approche, appelée « pauvreté en conditions de vie », consiste à observer si un ménage cumule des difficultés telles la précarité du logement
ou l’absence d’équipements possédés par la plupart des ménages.

Enfin, une dernière approche de la pauvreté, appelée « pauvreté administrative » , prend en considération le nombre d’allocataires relevant de la solidarité nationale au titre des minima sociaux (RMI, API, AAH, etc.). En 2004, on comptait 3 435 000 allocataires soit, avec les personnes à charge (conjoints et 
enfants) près de 6 millions de personnes."

Les analyses de la mobilité sociale, c'est à dire des changements de catégorie sociale entre chaque génération, montrent une certaine augmentation des inégalités de destins entre 1977 et 2003 : le niveau de vie reste lié au milieu d'origine, ainsi que le choix du conjoint... Le système éducatif, s'il a amené de plus en plus d'enfants jusqu'au bac (de 26 % d'une classe d'âge en 1980 à 62 % depuis 1993), renforce les inégalités, et ce, dés le cours préparatoire. Il est relevé en outre que la ségrégation sociale persiste, et qu'elle est accentuée par les stratégie développées par les familles pour échapper au périmètre scolaire.

Publié dans Sociologie

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